Vue d'ensemble

Art- Sculpture/Henri Laurens/Un Alien dans le cimetière de Montparnasse.

Henri Laurens, 1885-1954

Henri Laurens, titre de la sculpture : La douleur.

Le cimetière du Montparnasse est connu comme étant un lieu de l’ombre qui reflétera la vie de ce quartier réputé pour avoir eu durant de longues périodes des activités culturelles artistiques innovantes et accueilli dans ses rues et ateliers de nombreux artistes qui auront participé à la construction de l’art moderne international.

Les tombes qui s’y trouvent reflètent aussi cette présence de l’art dans ce lieu par les nombreuses sculptures qui les ornent mais dont souvent leurs conceptions emprunteront des chemins de figuration classique, d’expression romantique, exprimant la disparition du corps, le voyage des âmes, avec des pleureuses en bronze, des forêts de symboles, telles des croix qui seront partout présentes.

Quelques ornements de tombes sortiront de ce principe de figuration classique dans lequel l’âme et le corps, pour être solidaire, devront ressembler sans interprétation possible à l’être humain tel qu’il apparaîtra au cours de son développement naturel tout au long de son évolution, de la naissance à la mort.

La sculpture, Douleur, de Henry Laurens fera partie de celles-là du fait de son inspiration et traité cubiste, mouvement artistique qui aura grandement participé à la gloire du quartier de Montparnasse.

Le personnage est représenté sous une forme de volumes courbes qui se compléteront et se pénétreront, suggérant plus que représentant le corps humain à travers une forme ramassée, écrasée vers la matière, vers le sol dont il semblerait, avec difficulté, pouvoir s‘extraire.

Les pieds, qui lieront l’homme à la terre sur laquelle il marchera, tout au long de sa vie, seront sur cette sculpture représentés de façon très figurative et sensible, doigts écartés, comme si le corps était encore vivant et que l’homme, n’étant pas encore mort, se laissait du répit avant d’accéder au ciel.

Le dos de la sculpture qui est de configuration totalement abstraite, sans référence morphologique humaine. Elle semblerait déjà avoir atteint le ciel et rejoint le monde abstrait et sans humanité des étoiles, des astéroïdes, dans lequel, peut-être, l’âme se réfugiera après la mort de l’homme.

Cette expression artistique, cubiste, permet de transformer, par l’esprit de l’artiste, le corps de l’homme lui donnant alors une réalité improbable comme s’il était en fait un alien venant d’un coin perdu de l’espace et devenant alors pour lui une manière très particulière de rejoindre le ciel.

La douleur, d’Henri Laurens, un alien dans le cimetière de Montparnasse.

En libérant et proposant d’autres proportions au corps humain, l’artiste pourra atteindre la beauté absolue, universelle celles qui existeront de façons naturelles dans la Nature.

Il ne serait que de peu d’intérêt de dire, comme étant un axiome sur l’esthétique, que la beauté serait un domaine exclusivement culturel car l’oiseau ou le papillon ne s’intéresseront pas à votre opinion. Ils sont acteurs de la vie, porteurs de leurs propres beautés et vivent et meurent sans même se poser de question.

En libérant et proposant d’autres proportions au corps humain, l’artiste ouvrira les portes à l’imagination d’autres créateurs devant alors les précurseurs de tout un peuple imaginaire, créé et dessiné par d’autres, et habitant dans le monde parallèle des bandes dessinées ou des personnages de science-fiction.

Ces déformations du corps à travers l’art, le rendant moins réaliste, lui permettra d’accéder à une dimension spirituelle à la manière des arts Africains traditionnels dont les artistes occidentaux de l’époque, tels Braque, Juan Gris, Alberto Giacometti ou Picasso, faisaient la découverte.

Donc, La sculpture Douleur de Henri Laurens, est , pour moi, et dans le lieu où elle est présentée, le cimetière de Montparnasse, une magnifique représentation de l’importance de l’art, illustrant les rapports entre le corps et l’esprit de l’homme ce qui, depuis toujours, fera débat dans les communautés humaines.

 

Par Nicolas Antoniucci

Passionné par la vie dans ce qu’elle pourra avoir d'insolite, parfois d’inexplicable et aussi par l'art sous toutes ses formes, les voyages et bien entendu l'écriture, je vous propose de partager avec vous sur ce blog mes différentes passions !

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