Biographie Nicolas Antoniucci

Au fil du temps – Portrait

Repères

Naissance, le 27/12/1945, à Paris VIème.
De père sculpteur, Volti, et mère femme au foyer.
Cinq enfants.
Études :
Secondaire, à l’école Alsacienne à Paris.
Supérieure, architecte DPLG, études d’Architecture de l’école des Beaux-Arts à Paris.

Vacances d’enfance.

En Normandie, les week-ends dans la maison familiale à Brosville sur Iton. Promenades, cueillettes de champignons, et pêche à la truite. Feux de bois et grillades de toutes sortes cuites par un père gastronome.
À Villefranche-sur-Mer, tous les étés, après être descendu durant deux jours en voiture par la fameuse nationale 7, immortalisée par Charles Trenet, découverte de la France et de la multiplicité de ses paysages dans lesquels les forêts, les montagnes, les prairies et l’eau s’emmêlent.
Pas d’autoroutes à cette époque et des bouchons partout. Montelimar et ses nougats. Les premières cigales bruyantes et, soudain, arrivent les odeurs de plantes méditerranéennes. Enfin, voici, après un dernier virage, la mer Méditerranée. Les enfants crient de joie, la belle bleue, la belle bleue.
Des marins américains en uniforme, souvent ivres, envahissent la ville. Sur la rade flottent des bateaux de guerre gris aux canons dressés.
Des filles arrivent de partout, suivant les bateaux par train de Naples ou Gène, car l’Italie est proche.
La mer sur l’eau et sous l’eau. Les plages de galets gris, les poulpes et murènes… Des hippocampes en pagaille.

À vingt ans, voyage en stop en Côte d’Ivoire, premier contact avec l’Afrique noire.
Souvenirs… De superbes forêts, des oiseaux à grands becs et colorés qui les traversent.
Un lépreux marche sur un chemin de terre rouge sang, les doigts brisés et bandés, les yeux hagards. Des plages de sable bordées de cocotiers, des langoustes à un franc grillées sur des feux de bois. Délicieux ! Alcool local, cinquante degrés garantis et cuites assurées !
Ensuite, un peu partout en Europe, Italie, Espagne, Belgique, Danemark, Norvège… L’Allemagne surtout en hiver avec ses tavernes géantes et ses bières.

École des Beaux-Arts, section architecture.

La vie d’Atelier avec ses dessins en lavis, ses modèles vivants et nus tracés au fusain, les premiers projets et des formations complémentaires dans des agences d’architecture.

1968 arrive, une année où les certitudes de chacun de nous se seront brisées en mille morceaux.
Tout fut alors à réinventer, mais jeunesse aidant….

1973, obtention du diplôme d’architecte DPLG.

Premier début professionnel.
Du dessin au produit fini.
À cette époque, j’avais écrit quelques histoires, même un roman, qui auront aujourd’hui disparu et cela est certainement bien comme ça.

L’Afrique

L’Afrique avec un collègue togolais avec des voyages sur place et de nombreuses participations à des concours architecturaux en Afrique de l’Ouest, essentiellement des bâtiments publics. Conception et réalisation de maisons particulières.
Souvenirs. La chaleur, le dessin sur calque, pas de climatisation, et l’humidité tropicale qui nous obligeait à nous talquer les mains avant de dessiner.
On y croyait.
À cette époque, on subissait toujours en Afrique une ambiance de tristesse, due à la magie noire ou aux empoisonnements qui étaient omniprésents.
Les collègues européens dominaient, sur place, la planète architecture. Difficile.

Paris

Paris. Coup de bol, je travaille sur un gros projet avec un éminent confrère. Cent logements à la ZAC Saint Charles, en route pour plusieurs années d’étude et de chantier.
En final, un beau projet réalisé avec des appartements en triplex, parfois en quadruplex, agrémentés de nombreuses terrasses se mélangeant les unes aux autres.
Ce chantier avait été inauguré par Jacques Chirac mais il avait de si grandes jambes et marchait si vite que personne ne réussissait jamais à le rattraper.
Beaucoup d’ennemis, ainsi va la vie. Jalousie and Cie.

Les Pyrénées

Parallèlement et en suivant, me voici travaillant à la montagne, en Pyrénées.
J’exerce en Ariège, avec un collègue.
Souvenirs.
De beaux paysages, la nature avant tout, avec, parfois, de somptueux orages, des nuages qui caressent, à toute allure les cimes des montagnes et obscurcissent un ciel jusqu’alors bleu en lançant, par instants, des giclées de grêles.
De multitudes d’abeilles volaient dans un air, alors, parfait.
Des maisons et des granges, aux proportions souvent lilliputiennes, construites en pierre et couvertes d’ardoises.
Artisans d’alors. Des artisans, aujourd’hui oubliés, qui travaillaient le bois ou d’autres matériaux comme le plâtre.
Il fallait avoir de puissants biceps pour dresser, à mains nues, un plafond en plâtre.
Un vieil homme, un béret posé horizontalement sur la tête, a tendu des multitudes de ficelles, qui se croisent et s’entrecroisent, afin de bâtir parfaitement ses cloisons en briques plâtrières. Il est agenouillé au milieu d’une pièce comme le serait une araignée au centre de sa toile.
C’était l’avant placo. L’architecture aura connu l’avant placo et l’après placo, à l’image de l’avant et l’après Jésus Christ. Nous avons perdu avec l’apparition du placo le goût de la forme parfaite, lisse, droite ou courbe, et ce fut dommage pour l’esprit des hommes qui souvent se reflète dans sa maison comme dans un miroir.

La Chine

L’architecture nous aura conduits dans les années 2000 jusqu’en Chine populaire, dans le Xinjiang s’ouvrant à l’occident, avec deux chantiers et quelques concours. Le premier, saluant la fraternité Chinoise et française, aura la construction d’un bâtiment, une cave à vin, pour la fabrication de ce breuvage à l’époque où le gouvernement Chinois favorisait la fabrication et la consommation du vin afin de combattre celle de l’alcool traditionnel de riz, dont les abus étaient nocifs pour la santé du peuple.
J’ai eu l’occasion, à la fin du chantier, de concevoir une étiquette pour une cuvée particulière, portant le nom de cuvée Antoni. Elle a si bien marché que, dix années plus tard, je fus invité pour la présenter dans de nombreuses villes de Chine dans lesquelles j’ai pu signer des centaines de bouteilles, comme le ferait un chanteur avec son DVD. Shanghai la fêtarde et sa brume du matin qui la recouvre, Beijin l’officielle, Urumqi la Barbare ou presque.
Souvenirs. Des bouquets de fleurs en quantité, des verres qui se lèvent, des tables tournantes recouvertes de plats aux mille saveurs nous présentant parfois des mets qui sembleraient, pour nous, au prime abord immangeables. La courtoisie de votre hôte vous servant un œil de poisson cuit au fond de votre assiette ; il semblait vous regarder d’un œil éteint alors que quelques instants auparavant, vous l’aviez vu nager, heureux, dans de vastes aquariums violemment éclairés.

Deux groupes d’oiseaux tourbillonnent, le premier est composé d’oiseaux blancs et le deuxième d’oiseaux noirs. Ils se rencontrent et tournent ensemble sans se mélanger, formant ainsi dans le ciel une forme spiralée et connue dans le monde entier pour son apport philosophique universel, le Ying et le Yang.

Altaï. Une tempête qui soufflait, un vent si fort que vous ne pouviez plus marcher.
Un poisson gigantesque et rouge, fraîchement pêché dans un des nombreux lacs gelés et percés par l’homme qui entourent la ville, est jeté sur le trottoir devant une petite boutique.

Dans un café, une longue fille brune est draguée par un beau brun.

Nous quittons la ville, entrons dans une sorte de désert rocailleux et, sur le haut d’une petite colline, arrive un chien jaune qui s’allonge et nous regarde. Il est rejoint par sa femelle, jaune aussi. Elle possède de grosses mamelles noires comme la louve romaine qui éleva dans l’antiquité Romaine, les jumeaux Romulus et Rémus.
Les regards émus de jeunes filles aux joues rosées par l’émotion sont mélangés aux travailleuses souriantes, heureuses de toucher leur salaire.
Des chants puissants aux sons barbares.
De jolies filles brunes à la peau blanche. Beaucoup de vin.

Une série d’expositions du sculpteur Antoniucci Volti m’auront permis de faire d’autres beaux voyages et de présenter, là-bas, une partie de l’art de la Méditerranée.

L’architecture, puis l’écriture

J’ai écrit à Paris, depuis 2002, mes huit derniers livres et, depuis cinq années, arrêté l’architecture, continuant mes activités de création à travers l’écriture dans des romans qui, pour moi, se construiront comme des bâtiments, avec des fondations s’accrochant à la terre, des murs dans lesquels les hommes vivent et un toit s’approchant au plus près du ciel.

Je voyage encore parfois en Afrique noire et j’ai écrit, pour elle, mon livre Lucy Africa.

Mes livres sont, en principal, du genre science-fiction car j’ai pu constater tout au long de ma vie que rien dans notre monde n’est aussi simple que l’on pourrait, de prime abord, le penser. La science-fiction, malgré ses illogismes récurrents, porte un regard honnête sur la vie car elle apporte aux lecteurs une sorte d’objectivité singulière s’appuyant principalement sur l’intuition.

L’intuition est semblable à un parfum provenant d’un plat cuisiné s’exprimant dans une synthèse odorante des aliments le composant, car ses ingrédients sont multiples, ils s’appellent, esprit, éducation, politique, drame ou bonheur ou même le hasard qui est d’importance car il épice la vie, et est, de tous, le plus immatériel et imprévisible.

Le masqueEn lisant un roman,
le lecteur observera le monde comme s’il le regardait à travers un masque représentant l’auteur.

 

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