Photo et extraits de texte de l’Ile du Kamas/ Voiture légendaire — La Mustang
Image de mise en avant : Photo d’une voiture Mustang noire.
J’ai remarqué aujourd’hui, garée devant chez moi, une voiture ancienne se trouvant dans un état impeccable, avec peinture noire et chromes étincelants.
Elle m’a rappelé la voiture de Shar, un des personnages de mon livre l’ile du Kamas, une Mustang.
Le rêve, l’écrit, prendra forme, se prolongera parfois, longtemps après, dans une réalité.
Voici deux extraits de texte de mon livre, l’ile du Kamas, autour de ce personnage et de sa Mustang.
https://nicolas-antoniucci.com/livres/lile-du-kamas
Extrait 1
… Je roule tranquillement vers l’Hippocampe lorsqu’une voiture arrive à toute vitesse derrière moi. C’est une vieille voiture blanche, anguleuse, une Américaine de « race » Ford. Sur son capot, un peu au-dessus de la plaque d’immatriculation, est fixée une sculpture d’acier, en bas-relief.
Elle représente un cheval qui court, crinière et queue au vent.
Je vois le conducteur, c’est Shar.
Il me double.
Je remarque sur le coffre, inscrit en lettres d’argent avec une calligraphie rétro, le nom de la voiture.
C’est une Mustang.
Légendaire cheval de cowboy, légendaire auto de cowboy aussi, qui traverse les vastes plaines d’Amérique, saturées d’autoroutes et de stations à essence, de fantômes d’Indiens disparus, de carcasses de bisons, exterminés aussi.
Voiture de collection, pour amateur de liberté. Amateur de souvenir.
Tel est Shar.
C’est un passionné, un amoureux, un James Dean vieillissant, du cœur profond de la France, un vieux pays, mais qui reste un des ferments de la civilisation moderne. L’Hippocampe est construit au bord d’un étang aux eaux troubles et vertes, peuplé de tanches dorées…
Photo:
Extrait 2
… Shar s’est arrangé, peut-être n’a-t-il pas fait vraiment exprès, à moins qu’il ne soit de connivence avec la SNCF, à ce qu’on rentre en Camargue pile à la nuit tombante, entre chien et loup dit-on, disons peut-être même loup-garou, pour rester dans l’ambiance. Entre chien et loup-garou, l’expression semble mieux adaptée à notre situation.
Les notes énergiques de notre musique s’échappent de la Mustang dans un paysage sombre où le crépuscule charrie des nuages gris, percés par les vols silencieux des rapaces et canards noirs, divers autres oiseaux, ballotés par les assauts du vent.
Une bruine légère crée un lien d’intérêt entre le ciel et l’eau des marais, d’où surgissent des forêts de roseaux habités, aux couleurs sombres et chantantes sous les bourrasques…
Extrait 3
… J’entends le Français maugréer en examinant le sol :
— Au moins, entre oiseaux, filles et chevaux, on est dans le ton, surtout si on rajoute les mégots et les canettes de bière qui trainent au pied de cette falaise de verre. Jolie nature morte, comme peinte par un artiste de talent, que pourrait-il avoir de mieux que Dieu pour disposer des objets de cette manière, avec un si bel effet de lumière ? La Mustang, avec sa couleur rouge pétante, fait joli devant le mur et le trottoir gris, le ciel gris aussi. Il y a même à ses côtés un paquet de cigarettes vide, rouge, du même rouge, qui est enfoncé dans un gobelet circulaire de carton de la même couleur, blanc dedans. C’est super à voir sur le trottoir gris.
Ça ressemble à une union, je dis bien une union. Un hommage que fait le hasard à la beauté de cette voiture peut – être même de Lola.
Trêve de délire, quels sont ces deux mecs qui se sont tapé les cigarettes Marlboro, jetées à terre, dont les mégots fument encore ? Je ne les ai pas vus passer. Je lui dis que ce n’est pas moi, connaissant ma réputation, en déballant mon attirail de fumeur. Je n’ai dans mes poches qu’une pipe et un paquet de brunes.
J’ajoute, caustique :
— C’est peut-être Dutilleul, le passe muraille de Marcel Aymé, accompagné de Griffin, l’homme invisible de Wells, qui sont sortis ensemble, en papotant, de ce mur en verre ?
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