Les pigeons-textes-hymne à la nature-farandole
Les pigeons.
Dans mes écrits, les pigeons auront toujours eu une place importante. Ce sont des oiseaux miroirs dont les comportements reflètent parfois les émotions des hommes qu’ils croisent.
Aujourd’hui, je roule dans ma voiture et j’arrive à un carrefour qui est en permanence occupé par une colonie de pigeons blancs qui volent, roucoulent et parfois se courtisent, amoureux, becs contre becs.
Parfois, l’un d’eux se fait écraser et il se traîne quelque temps sur le trottoir, sa robe blanche tachée de la couleur rouge du sang, et ensuite, épuisé, il meurt.
Soudain quelques-uns de ces anges s’envolent devant moi, se dispersant dans le ciel, excepté l’un d’eux qui vole droit à simplement quelques centimètres du pare-brise de ma voiture et tout en se dirigeant dans le même sens.
L’oiseau s’affole, bat ses ailes avec rapidité et, brusquement il semblera s’épuiser. Je manque de l’écraser mais, heureusement, en ralentissant ma course, je peux l’éviter et nous avançons quelque temps, quelques dizaines de mètres, de concert. Ensuite, il bifurque et s’éloigne.
L’ESPRIT DE NOËL- Farandole d’animaux.
Extrait de livre, Objets 2 004- édition S.d.E
Voici une farandole d’animaux qui tourne comme un long serpent autour de la planète. Elle est conduite, par les chiens grotesques, gros et gras, qui dansent sur une musique entraînante et reniflent et toussent en tournant sur eux-mêmes lourdement.
Aussi les chiens, très beaux et gris clairs, pour les hommes malheureux et ceux qui conduisent tous les gens sans yeux.
Tous les loups rôdent, les blancs, les noirs et au-dessus, devant et partout, les pigeons volent, s’envolent et se posent dans des figures compliquées dans des vols horizontaux, soudains fracassés, constituant alors à plusieurs des colonnes vivantes qui montent ou descendent.
Aussi des aigles planent, des gros ou des petits.
À leur suite, les éléphants et la jeune fille qui les accompagne en se dandinant avec toujours un bras levé comme une trompe dressée.
Et puis, plus loin, les papillons, ceux du jour et de la nuit, entourés d’une marée d’insectes avec aussi ceux qui sont rectangulaires qui auront surgi du moteur de ma voiture parce qu’une fille qui était là ses règles, devant un océan déchaîné, parmi des goélands excités.
Les perroquets et les cacatoès suivis des singes et de tous les gorilles qui se grattent en marchant devant les marmottes qui se traînent avec les paresseux fatigués à côté des kangourous maladroits.
Et bien sûr les poules rousses qui caquettent étonnées aux côtés des chats, qui miaulent, de tout poil et de toutes les couleurs et qui sont accompagnés du chat Persan aux oreilles de hiboux blanc de l’Oural ou d’ailleurs, comme la chouette bleue, avec même le chat nu qui les escorte.
Ils marchent à côté des lionnes épaisses et puissantes, aux dents de sabre qui sont suivies du tout petit lion et, bien sûr, le beau tigre suit.
Les oiseaux noirs au bec en forme de banane volent aussi et précèdent la chamelle amoureuse qui tire la langue et blatère en marchant faisant le bruit d’un évier qui se vide.
Le cirque Pinder, elle blatère en marchant.
Les amoureux circulent aussi deux par deux en s’embrassant sur la bouche et, tout autour d’eux, les beaux chevaux caracolent.
Il y en a de toutes les races, de toutes les couleurs, et au milieu de tout ça, suit et mélange les boîtes d’os, les crânes humains, qui marchent avec chacune ses deux jambes, et contiennent la bouillie blanche, la précieuse alchimie de la vie. Les hippopotames, le rhinocéros et les sangliers s’avancent ensemble.
Tout cela marche en cadence entouré par tous les pigeons qui, quand ils parlent, ne parlent que d’amour. Ils sont accompagnés des rats qui les escortent et tout ce petit monde traverse les océans sur le dos des baleines bleues, des orques et des dauphins joyeux qui chantent en sifflant, entourés par de nombreux poissons volants.
Les loutres, les oies sauvages et domestiques, les canards, les vautours gris et tous les autres circulent dans la farandole de la vie sous un ciel bleu clair dégagé et, plus loin, de l’autre côté de la terre, sous la voûte terrestre étoilée de la nuit avec toutes ses lucioles éclairées, circulent les serpents et tous les boas constricteurs et aspics cornus.
Il y a aussi le psy poilu qui suit.
Ils sont accompagnés des chauves – souris, des vampires de la nuit et du gentil fennec, renard de celle-ci.
Ils traversent d’inoubliables forêts et de vastes champs de fleurs parées de toutes leurs couleurs et qui parfument totalement la Terre.
Suivent aussi tous les animaux disparus, du dodo au tigre de Tasmanie avec le…. et le… aussi le…
Ils sont tous passés, en montant l’escalier de pierre qui même à la relique du saint, allongé depuis toujours avec ses souliers noirs vernit dans son cercueil de verre au cœur d’une église dorée. Celui-ci a soufflé l’œil de braise, rond et rouge, du dernier des pigeons qui passait là et qui, ébouriffé par ce vent, s’est envolé. L’homme maigre et mal habillé a monté ensuite ces escaliers et lu, en silence, des mots invisibles écrit sur une plaque de cuivre et il a su que c’était un message divin.
Je reprends ma route et, quelques rues plus loin, un pigeon gris se place en volant devant ma voiture à simplement quelques mètres et nous avançons ensemble de concert, quelque temps.
Le gardien du ciel-2
Et arrive alors un oiseau fabuleux… Carnaval de Nice, 2018.
Extrait : Main basse sur le sixième continent, Libre d’écrire, 2 013
… Je suis devenu accro à ce jeu de hasard et, en sortant du café-tabac où j’avais joué ma mise, façon écriture automatique, je croise un pigeon blanc qui marche en se dandinant sur le trottoir. J’arrive devant lui, il s’écarte de moi et plonge dans le caniveau sous une voiture à l’arrêt. Il ressort de l’autre côté et s’arrête devant un morceau de pain qui est, il est vrai, écrasé. Je ne suis pas superstitieux mais je m’intéresse aux signes qui viennent de la nature et je me dis que, sur coup-là, c’est bon pour moi…
Commentaires (97)